Le Félibrige |
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Musique : Concerto en do mineur pour aubois (4ème mouvement – allegro) – Georg Philipp Telemann (1681-1767)
Symphonie n° 9 opus 95 – symphonie du nouveau monde (extrait) – Anton Dvorak (1841-1904)
« Dans mon exil parisien j’avais un jour de pluie et d’ennui découvert la poésie provençale, dont nul en Provence ni au lycée, ni en famille ne m’avait jamais parlé. Oui, comme je flânais un jour sous les galeries de l’Odéon, j’y dénichai une brochure à 10 centimes de la librairie Blériot et Gautier ; cet humble fascicule composé par le poète Paul Mariéton, sous sa couverture grise, contenait quelques poèmes lumineux de Mistral, de Roumanille, d’Aubanel, de Félix Gras. Soudain à les lire le brouillard qui m’enveloppait se dissipa ; au rythme sonore d’une langue, dont je connaissais quelques mots et que je savais d’instinct correctement prononcer, j’eus la révélation d’un univers poétique, qui éclipsait pour moi celui des romantiques, des Parnassiens et des quelques symbolistes auxquels j’avais cru devoir m’initier. Dès lors il me souvint que mon grand-père paternel était un vieux félibre, quoique résigné à la disparition de l’antique langue, dont il ne m’avait jamais entretenu. Mais je me rappelais que tout enfant je regardais dans sa bibliothèque, rue des Beaux Arts à Marseille, le dos d’un livre au titre étrange qui était resté accroché à mon esprit, Mirèio, inscrit à la main sur une étiquette notariale. J’écrivis à mon grand-père, me procurais le petit Trésor du Félibrige récemment édité par le Père Xavier de Fourvières, et par lire Mirèio, sans consacrer à son achat la somme de 3 francs, considérable pour ma bourse d’écolier, j’allais m’enfermer dans la bibliothèque Sainte Geneviève, où dans l’odeur des parapluies mouillés, des vieux bouquins des lecteurs plus ou moins crasseux, dans le bruit des pas et des feuillets tournés, j’aspirais tous les parfums des Alpilles et j’écoutais chanter les magnanarelles. » 1901 première entrevue d’Emile RIPERT avec Frédéric MISTRAL (voir chapitre biographie F. Mistral) Son engagement dans les milieux félibréens, ses travaux sur le Félibrige sur la doctrine Mistralienne et la littérature de langue d’Oc font autorité bien qu’il ne se fasse guère d’illusion sur le devenir de la langue provençale, « On sait à quel degré de richesse est arrivée la langue d’oïl et ce qu’en a fait la fortune politique des rois qui la parlaient ; on connaît moins la lente agonie et la subite résurrection de sa sœur plus modeste, cette pauvre Cendrillon de langue d’oc, si florissante pourtant pendant les XIème et XIIème siècles, inspiratrice alors écoutée de toute la poésie européenne, et célébrée partout grâce à ses troubadours. » . 1918 il publie « La Renaissance Provençale »Voir quelques extraits Émile Ripert examine tous les mouvements littéraires depuis les troubadours jusqu’à la création du Félibrige. Avec cet ouvrage, c’était la 1ère fois que le monde provençal se présentait comme matière de recherche savante. « J’ai voulu voir en la Renaissance Provençale de 19ème siècle non pas une manifestation locale…, mais un mouvement plus large et plus significatif, qui se rattachait d’une part au mouvement des nationalités, dont fut remuée toute l’Europe du 19ème siècle, d’autre part au mouvement démocratique, qui a soulevé depuis la évolution les masses populaires,…En partant de ces principes, j’ai étudié de quelle façon les recherches des savants et des érudits avaient servi à la formation d’une conscience provençale, en ressuscitant la littérature oubliée des Troubadours sous la plume d’un Raynouard, d’un Rochegude ou d’un Fauriel, comment le goût des romantiques pour les littératures primitives et populaires avait remis en honneur les patois et les traditions provinciales, comment leur conception de l’histoire avait montré la part considérable des provinces méridionales dans la formation de l’unité française, leur individualité, leur gloire au temps des Troubadours, leur chute après la croisade contre les Albigeois. Ainsi j’ai montré de quelle façon ce mouvement d’érudition avait excité l’imagination des poètes provençaux vers 1850….Mais cette poésie du peuple ne pouvait…,trouver dans le Midi sa forme vraie qu’en langue provençale,….c’est la raison pour laquelle la poésie ouvrière est tombée après 1850 et…qu’à partir de cette date la poésie de langue provençale…fleurit définitivement e t d’immortelle façon sous la plume de Roumanille, d’Aubanel et de Mistral. » . En 1924, Émile RIPERT publie LE FÉLIBRIGE. Petit volume dont le but est de donner une vue d’ensemble facile à lire sur le mouvement félibréen et ses origines. Voir un extrait du chapitre « Font-Ségugne : L’Armana Prouvençau » 1934 Le titre de FELIBRE MAJOURAU est décerné à Émile RIPERT le 20 mai 1934
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