Quand j’ai découvert Emile Ripert, l’homme et sa poésie, j’ai ressenti une vive émotion, et n’ai eu de cesse de lui rendre hommage, hommage à un poète limpide et humaniste.
Jean-François Marsat-Subrini
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… Un grand merci aussi à Véronique Ripert, petite-fille du poète, sans qui cette soirée du 1er mars 2010 n’aurait pu voir le jour. Lorsque vous aurez ce livre en main, vous prendrez Le train bleu qui vous mènera vers Le Golfe d’Amour et La Terre des Lauriers, cette Provence si chère à Emile Ripert.
Cette anthologie, constituée d’une biographie de Jean-François Marsat-Subrini, réuni les poèmes qui ont été dits lors de cette soirée, et les regroupe par recueil dont ils sont extraits, et dont chaque chapitre reprend la couverture d’origine et le contexte dans lequel ils ont été écrits. Elle est accompagnée d’un CD audio sur lequel l’on pourra entendre et réentendre les intervenants
dire les poèmes d’Emile Ripert, ainsi que les musiques et chansons interprétées lors de la soirée, au piano et au psaltérion.
Quand je reviens après les travaux épuisants
Ouvrir mes yeux lassés à ta clarté marine,
Je vois les jours enfuis, je vois les yeux absents…
Voix graves, j’écoutais votre sainte doctrine ;
Robes tièdes, j’étais assis sur vos genoux ;
Douces ombres, mon front touchait votre poitrine .
Maintenant près des flots, qui roulent leurs cailloux,
Vos pas silencieux cheminent à ma droite ;
C’est vous, cette poussière, et cette nuit, c’est vous !
Le vent m’effleure avec sa main brûlante ou moite ;
Que de jours envolés, ville, flottent encor
Sur tes places, tes quais, sur ta douceur étroite !
Quant sur mon jeune front tremblaient des rêves d’or,
C’est en toi que j’ai vu passer l’Amour unique,
Et j’ai suivi ses pas qui menèrent à mon sort.
Chaque fois que la vie, hélas ! me fut inique,
Ma ville, c’est en toi que ma bouche a baisé
Le beau front de la Paix à la blanche tunique.
N’est-ce pas pour moi seul que ton port fut creusé ?
J’en suis parti jadis, j’y replierai mes voiles ;
Je reviens un peu las, mais non désabusé.
Vois donc ce qui palpite au creux des rudes toiles !…
Ne dis pas : « Tes filets sont vides. Que fis-tu ? »
Mes voiles dans leurs plis ramènent des étoiles.
Regarde : c’est l’Amour, c’est la Foi, c’est la Vertu…
Celle-ci qui demain s’ouvrira, c’est la Gloire…
Mon labeur fut-il saint, patient et têtu ?
Malgré les maux d’hier et malgré l’onde noire,
Qui doit rouler un jour sur mes yeux, il faudra,
Ma ville, que mon nom vive ton histoire.
Ton ardeur me nourrit, ton souffle m’inspira ;
Au sortir de ton port j’ai rencontré la route
Qui mène vers le sol que l’Esprit illustra.
Quand on te voit de loin sur le rivage, on doute
Si le grand vent qui vient des bords napolitains,
Ville, une nuit vers nous ne te poussa point toute.
Le noble amour du nom et du pays latins,
C’est toi qui le versas à mes premières fièvres ;
Tout ce que ta bonté m’a promis, tu le tins.
Or j’ai mis dans mes vers les grelots de tes chèvres,
La rumeur de tes flots, la voix de ton mistral ;
Laisse sur ton beau front que je pose mes lèvres,
Ville latine au bord d’un golfe provençal…
La Ciotat, octobre 1907-Octrobre 1911
poème extrait du recueil « La terre des lauriers » 1912
1949
En 1949 fut réalisé son buste pour commémorer sa mémoire. Il restera dans le jardin de la Ville de la Ciotat jusqu’en 1997.
Commentaire du journaliste Benjamin lors de l’inauguration du buste
Quand tout bruit eut cessé, que la foule eut été reprise par ses plaisirs, ou par ses tâches, nous sommes revenu dans le frais jardin de la ville pour rendre à notre tour un hommage un peu plus intime au poète qui eu la fortune inouïe « d’être poète en son pays » Il était maintenant tout seul dans le grand décor de verdure. Sur sa lèvre de marbre, un sourire se dessinait, sourire de bonté, d’indulgence, sourire satisfait aussi du voyageur arrivé à l’étape : « Mon Dieu que l’on est bien ici ! » Jusqu’à la nuit venue, nous avons conversé…
… Le buste d’Emile Ripert est bien moins l’œuvre d’un ami qui ayant compris son ami, l’a merveilleusement aimé. Il est troublant que la glaise d’abord et que le marbre ensuite puissent, quand c’est le cœur qui les modèle ou les cisèle, matérialiser une âme. Car c’est l’âme même d’Emile Ripert qui erre, visible à qui veut la voir, autour du buste où Paul Gondard a mis, en plus d’un très grand talent, la sainteté de la pure amitié. La pensée du poète « s’y lit comme aux pages d’un livre Et d’un livre aussi beau que les trois mois d’été. »
Emile RIPERT
1882-1948
Sculpture Paul GONDARD – 1949
Benjamin.
La municipalité demandera ensuite à sa famille de reprendre le buste car, disait-elle, il avait été renversé de son socle.
C’est durant l’année de réalisation de son buste que la municipalité de la Ciotat donna son nom à l’avenue proche de sa bastide afin d’honorer sa mémoire.
1961
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1982
En 1982 la municipalité de la Ciotat commémore le centenaire de sa naissance en apposant une plaque sur la rue qui porte son nom, juste à côté de l’école de la Salis.
Ainsi se réalisait son dernier voeu.
Oui, qu’on me donne une petite rue
Si l’on veut, mais avec beaucoup d’enfants,
Et que mon nom de leur cohorte accrue
Fasse vibrer les gosiers triomphants
1989
Émile Ripert et son livre LE POÈME D’ASSISE sont choisis par Isabella Sbraletta, étudiante italienne, pour soutenir sa thèse à la faculté de Lettre et de Philosophie, au cours de l’année académique 1988-1989.
Elle reçut les félicitations du jury et la meilleure note que l’on puisse avoir.