La Cigale
« Mes frères, écoutez notre sœur, la Cigale….
Elle est petite, elle est familière et frugale ;
Et, sans aucun désir vain de se faire voir,
Tout le jour, accroché au creux d’un arbre noir,
Elle chante…Mais peut-on dire qu’elle chante ?
…
Mais la cigale ne sait rien que répéter
Deux notes, ne sait rien, mes frères, que frotter
L’une à l’autre les deux membranes de ses ailes,
Or, tandis que le ciel sur les blondes touselles
Luit et que le soleil tient les champs accablés,
Elle seule, au dessus des fauves champs de blés,
Alors que tout se tait, les choses, et les êtres,
Les pins, les oliviers, les routes, les fenêtres,
Lorsque rien n’a plus la force d’un mouvement,
Elle seule, humblement, infatigablement,
Elle fait retentir l’air, le ciel et la pierre,
Et l’on dirait qu’elle est le bruit de la lumière ;
Sachant le peu qu’elle sait faire et le faisant,
Elle seule, perçant l’azur d’un tel accent
Que sa prière arrive à Dieu par-dessus toutes,
Voix des sillons qui va jusqu’aux célestes voûtes,
Elle seule, le long du jour égal et bleu,
Elle dit : « Louez Dieu ! Louez Dieu ! Louez Dieu !……
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